Afin de faire face aux impacts du changement climatique, l’Afrique doit s’adapter. Cette adaptation implique des actions de soutien aux ménages, aux communautés et aux pays qui subiront les effets du changement climatique. Ces actions permettent de contribuer aux moyens de subsistance, augmenter les revenus et garantir un niveau de bien-être même quand les risques liés au changement climatique augmentent. Par exemple, le recours à des variétés de maïs résistant à la sécheresse se généralise dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, et a permis aux agriculteurs de produire en quantités convenables même en cas de sécheresse.
« L’impact du changement climatique affectera les pays les plus pauvres, et notamment des pays africains, de manière disproportionnée. Les populations pauvres se retrouvent déjà les premières affectées par la pollution, les catastrophes naturelles et la dégradation des ressources et des terres. Pour elles, s’adapter c’est simplement survivre. »
– L’ancien Secrétaire-général de l’ONU Kofi Annan
L’ancien Secrétaire-général de l’ONU Kofi Annan devant la douzième Conférence des Parties à la CCNUCC, Boîtes à outil pour les jeunes sur le leadership & l’adaptation – Module 2 22 Nairobi, Kenya, 15 novembre 2006.
L’adaptation implique l’ajustement au changement climatique
Comme vous l’avez appris au module 1, l’adaptation implique des actions permettant de faire face aux impacts présents et futurs du changement climatique. Il s’agit d’un « processus d’ajustement au climat actuel ou attendu et à ses effets », d’après le GIEC.
L’adaptation implique de décider comment faire face au changement climatique. Elle comprend des décisions politiques de la part des gouvernements et des organisations visant à prévoir au mieux l’adaptation aux effets du climat. Par exemple, les communautés côtières exposées au risque de montée des eaux peuvent construire des digues afin de contenir l’océan et l’érosion.
Des hommes travaillent à la construction d’une digue de sacs de sable pour contenir l’érosion, sur une plage d’Ihuru, un atoll des Maldives. Crédit : Alain Schroeder/Climate Visuals.
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Dans le village Fulani de Hore Mondji, au sud de la Mauritanie sur les berges du fleuve Sénégal, une coopérative de femmes recourt à l’énergie solaire pour exploiter un forage acheminant l’eau vers le jardin du marché. Crédit : Raphael Pouget/Climate Visuals Countdown.
Le tableau 1 répertorie quelques-uns des impacts du changement climatique et de possibles stratégies d’adaptation. Il est également important de réfléchir aux potentielles conséquences imprévues de ces stratégies.
Tableau 1: Effets du climat et stratégies d’adaptation pouvant impliquer des conséquences imprévues.
Les stratégies d’adaptation ne sont pas toujours faciles à appliquer, ou peuvent être couteuses. Parmi les principales difficultés d’adaptation, on compte la complexité et le cout. L’adaptation implique des compromis dus à la rareté des ressources.
Dans certains cas, l’adaptation peut également avoir des effets négatifs. Par exemple, les digues n’empêchent pas la montée des eaux. Elles se contentent de la contenir. La construction de digues dans une région peut déplacer le problème de la montée des eaux vers une autre région côtière.
Si l’adaptation est une des manières les plus efficaces de faire face aux risques liés au changement climatique, il arrive que ces risques soient trop importants. Lorsque les actions d’adaptation ne sont plus assez efficaces pour protéger les communautés et les sociétés, on parle de limite d’adaptation.
La maladaptation survient lorsque l’adaptation échoue
Il arrive que les actions visant à aider les communautés et les sociétés à s’adapter se révèlent inefficaces. Elles peuvent s’avérer contre-productives et rendre les communautés plus vulnérables aux risques liés au changement climatique en augmentant leur vulnérabilité ou en diminuant leurs capacités d’adaptation. On parle de maladaptation.
Les actions d’adaptation peuvent comporter un risque faible ou élevé de maladaptation. Le tableau 3 illustre certaines actions d’adaptation à risque faible ou élevé.
Tableau 2 : Exemples d’actions présentant un risque faible ou élevé de maladaptation (adapté de Barnett et O’Neill, 2013 ).
Trois types clés d’actions d’adaptation
Il existe trois catégories principales d’actions d’adaptation selon le GIEC : sociale, institutionnelle et physique. Ces catégories doivent être considérées comme liées plutôt que distinctes. Elles sont souvent mises en œuvre simultanément. Les exemples ci-dessous peuvent relever de différentes catégories.
Placer les communautés au cœur de l’adaptation
Les individus et les communautés en première ligne du changement climatique sont souvent les plus actives et les plus innovantes dans l’élaboration de solutions d’adaptation. Pourtant, ils manquent trop souvent de ressources et de capacités d’action leur permettant de mettre en œuvre ces actions de manière efficace. Les efforts d’adaptation doivent placer les communautés au centre de l’action.
Adaptation communautaire
Les actions d’adaptation communautaire visent à améliorer les capacités des communautés et des individus à s’adapter au changement climatique. Cette approche se focalise sur la constitution des capacités d’adaptation des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées.
Dans le cadre des initiatives d’adaptation communautaire, les organisations, les gouvernements et d’autres acteurs aident les communautés à agir et à opérer des changements positifs dans leur quotidien. Par exemple, les communautés peuvent être aidées à changer leur période de semis afin de mieux s’adapter aux évolutions des régimes de pluie, ou de construire des maisons plus résistantes aux cyclones de forte intensité.
L’adaptation communautaire peut également s’intéresser à la préservation des systèmes naturels. Par exemple, de nombreuses communautés peuvent collaborer dans le but d’assurer la protection et la conservation d’un bassin fluvial
L’adaptation communautaire vise à :
1. Créer des stratégies d’adaptation avec les communautés et d’autres acteurs locaux afin d’améliorer l’adoption et le maintien durable des processus d’adaptation, ainsi qu’un fort sentiment d’appartenance à la communauté.
2. Améliorer la sensibilisation et la compréhension des communautés du changement et de l’incertitude climatiques afin d’élaborer des plans d’adaptation et de contribuer à une prise de décision flexible et adaptée au contexte.
3. Intégrer davantage de connaissances et de compréhension dans les structures communautaires existantes, renforcer ces structures ainsi que leurs mécanismes institutionnels.
Les initiatives d’adaptation communautaire peuvent être intégrées dans des projets sectoriels ou être appliquées en tant que projets autonomes. Bien que l’adaptation communautaire se concentre sur les communautés, les approches d’adaptation communautaire n’agissent pas exclusivement au niveau de la communauté. L’adaptation communautaire est en quelque sorte un processus « mené par la communauté » qui vient soutenir une démarche fondée sur le droit. Cette démarche se fonde sur l’interconnectivité entre l’économie, l’écologie et l’administration communautaires, en soutenant leurs interactions au plus haut niveau.
Quatre stratégies interconnectées d’adaptation communautaire
Afin de construire une capacité d’adaptation, le processus d’adaptation communautaire doit incorporer quatre stratégies interconnectées, représentées à la figure 11.
Figure 11 : Cadre d’adaptation communautaire de CARE comprenant quatre stratégies interconnectées. Source : CARE, 2014.
1. Promouvoir des moyens de subsistance résilients au climat
Les moyens de subsistance résilients au climat sont ceux qui sont moins sensibles au changement climatique. Afin de soutenir le développement de moyens de subsistance résilients au climat, l’adaptation communautaire peut par exemple promouvoir de nouvelles techniques agricoles qui permettent d’accroître l’humidité des sols ou à développer l’usage de semences résistantes à la sécheresse dans les zones les plus sèches.
Agriculture intelligente face au climat et résistante aux chocs climatiques, au Zimbabwe. Crédit : Pauline Hurungudo/CARE.
2. Promouvoir la réduction des risques de catastrophe
La réduction des risques de catastrophe (RRC) comprend toute activité pouvant aider à réduire l’impact des catastrophes, en particulier pour les foyers et les individus vulnérables. Elle comprend des mesures de prévention, de préparation, de réaction et de réhabilitation telles que les la planification d’urgence, la construction de lieux de stockage alimentaire, l’information aux communautés sur les lieux sûrs à rejoindre en cas d’urgence et l’élaboration de systèmes d’alerte rapide. L’adaptation au changement climatique et la réduction des risques de catastrophe sont étroitement liées : elles s’intéressent toutes deux aux aléas climatiques.
L’adaptation au changement climatique répond aux effets graduels et additionnels du changement climatique tels que la montée des eaux ou l’augmentation des températures, alors que la RRC peut s’intéresser aux aléas non climatiques tels que les tremblements de terre.
Mariamo Humberto, 16 ans, chez elle à Beira, Mozambique, après les destructions causées par le cyclone Idai en 2019. Crédit : Josh Estey/CARE.
3. Constituer des capacités locales d’adaptation et d’organisation
Les capacités locales d’adaptation et d’organisation comprennent les capacités de développement des organisations locales de la société civile (OSC) et des institutions gouvernementales afin qu’elles contribuent au mieux aux efforts d’adaptation des communautés. Celles-ci peuvent comprendre le développement de plans d’adaptation locale et de contingence ainsi que de formations sur le changement climatique à destination des autorités et des OSC.
Animation de dialogue sur les techniques agricoles résilientes au climat dans la communauté de Muchava, district de Homoine, Maxixe (Mozambique), dans le cadre de la Southern African Nutrition Initiative. Crédit : Tanja Kisslinger/CARE.
4. Répondre aux causes sous-jacentes de vulnérabilité
Les causes sous-jacentes de vulnérabilité peuvent être la pauvreté, la mauvaise gouvernance, la dégradation de l’environnement, un accès et une gestion inégalitaires des ressources, un accès limité aux services de base ou des inégalités de genre, selon le contexte. Ces causes peuvent être traitées par des activités de plaidoyer, la mobilisation sociale ou d’autres méthodes.
Adaptation dirigée localement
Si l’adaptation communautaire représente un soutien aux communautés, l’adaptation dirigée localement (ADL) vise à confier aux institutions et aux communautés locales la gestion des actions qui les concernent.
Elle comprend huit principes, élaborés en 2021 (voir figure 12). Ceux-ci ont été élaborés par la Commission globale pour l’adaptation (GCA), l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), l’Institut des ressources mondiales (WRI) et le Centre international du changement climatique et du développement (ICCCAD).
Figure 12: Principes de l’Adaptation dirigée localement. Source : IIED, 2021.
Différences entre l’adaptation communautaire et l’adaptation dirigée localement
L’Adaptation communautaire représente l’ensemble des activités d’adaptation au changement climatique élaborées en collaboration avec les communautés à risque et visant à sensibiliser au niveau local et à promouvoir des solutions adaptées et durables aux conditions climatiques actuelles et futures.
L’Adaptation dirigée localement fait référence aux mesures d’adaptation climatique pour lesquelles les communautés locales, les organisations communautaires, les groupements citoyens, les autorités locales et les entités privées locales au niveau administratif le plus bas sont intégrées en tant que décisionnaires des actions les concernant (Institut des ressources mondiales ).